Dj Sandra Offishal : « Je veux être de celles qui font naître et grandir le mix féminin au Cameroun »

Au Cameroun, quand on parle de femmes DJ, on pense directement à Sandra Offishal. La reine de l’électro a tout simplement cassé le game, dans un univers hyper masculinisé. Un succès d’autant plus hallucinant dans un pays où moins de 2 % des DJ sont des femmes.

Moankouan Mempong Sandrine, alias Dj Sandra Offishal, est âgée d’une vingtaine. L’âge où tout est encore possible, où les rêves ne demandent qu’à se réaliser… Si les femmes restent minoritaires et souvent stigmatisées dans le monde de la musique, Dj Sandra elle, a su dompter les préjugés.

Titulaire d’une licence en communication obtenue à l’École supérieure des sciences et Technique de l’information et de la communication (Esstic), Sandra est aussi rappeuse et animatrice radio. Votre journal actumusikafrika.com est allé à sa rencontre.

Qu’est-ce qui vous a poussé à devenir DJ

La passion et l’amour de la musique. Aussi, l’envie d’être différente. Il faut dire qu’à la base je suis artiste musicienne évoluant dans le registre des musiques urbaines (rap, slam surtout). Des femmes rappeuses ou slameuses au Cameroun il y en a beaucoup. J’ai voulu me démarquer et sortir de ce lot en faisant quelque chose de nouveau, d’inhabituel et de peu commun. L’effet de surprise, c’est ce que j’aime le plus

Comment votre famille et votre entourage ont-t-ils perçu votre désir de devenir DJ ?

Ma famille et mon entourage m’ont toujours encouragé dans ce que je fais. Ils étaient déjà habitués à voir Sandra l’artiste rappeuse. Voir Sandra la DJ n’a pas été une très grande surprise pour eux. Ils m’encouragent comme ils peuvent. Ils partagent les actualités sur les réseaux sociaux, ils viennent assister à mes spectacles quand ils peuvent. C’est une grande motivation pour moi


Une femme DJ, ce n’est pas commun au Cameroun. Quel regard le public extérieur vous apprécie-t-il ?

La plupart du temps, le regard est admiratif. Beaucoup sont fascinés par l’effet de nouveauté. Et lorsque la prestation est bien faite, le public est encore plus admiratif. Quelques fois aussi, les regards sont à la limite péjoratifs. Certains se demandent pourquoi une femme se retrouve à faire un métier d’homme au lieu de faire des choses de femme. Il peut arriver qu’on te balance des phrases désagréables mais bon, on fait avec.

Est-ce que vous avez des modèles d’autres femmes au Cameroun ou ailleurs ?

Des modèles de femmes DJs, honnêtement je n’en ai pas. C’est peut-être étrange mais je n’ai pas encore vu ou rencontré une femme DJ qui a provoqué le déclic en moi après sa prestation. Parlant d’artistes en général, j’admire beaucoup Charlotte Dipanda au Cameroun et l’ex rappeuse Diam’s en France. Leurs différents parcours sont admirables. Je rêve de me construire une carrière comme les leurs.

Tu aurais pu t’exporter ailleurs comme en Afrique du Sud ou au Nigéria, là où les scènes battent leur plein. Pourquoi rester au Cameroun ?

Je reste au Cameroun parce que je veux être de celles qui font naître et grandir le mix féminin au Cameroun. Les industries des autres pays tournent bien parce qu’il y a eu des gens pour initier, des gens pour porter les projets et les mener là où ils sont aujourd’hui. Il est temps que le Cameroun évolue aussi dans ce sens-là, qu’on puisse parler de notre pays et de notre culture en bien et qu’on soit une référence. Je souhaite visiter ces pays que vous avez cités et même d’autres, juste pour apprendre davantage et voir comment ça fonctionne ailleurs. Mais je n’y resterai pas. Je reviendrai toujours au Cameroun pour écrire mon histoire dans mon pays.

Pour sortir, conseillerez-vous ce métier à d’autres filles ? Pourquoi ? 

Oui, je peux conseiller ce métier à d’autres filles. C’est un métier comme tant d’autres, avec ses avantages et ses inconvénients. Une jeune fille qui aime le Dj-ing, qui a la volonté de travailler et qui reste sur la bonne voie peut bien évoluer dans ce métier. Il n’empêche en rien d’être comme les autres femmes ou de se construire un foyer. Le tout est d’être organisé.

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