Promotion des artistes à Trace Mboa : Une affaire de riches ?

Le modèle économique de ce média du groupe français Trace en territoire camerounais fait l’objet des débats depuis son lancement le 12 mai 2022 à Douala.

Le 12 mai 2022 à la rue UTA au quartier Bonapriso à Douala, le groupe TRACE lançait officiellement sa 21e chaîne musicale baptisée Trace Mboa. Formellement, il s’agit d’une chaîne dédiée à la promotion de la musique et de la culture camerounaise. Disponible sur le canal 136 de Canal+ Afrique, la chaîne dont la venue avait été perçue comme solution à la visibilité des artistes locaux, suscite déjà des interrogations du fait de sa grille tarifaire très élevée.

Tenez. Trace Mboa a dévoilé quelques jours après son lancement, sa grille tarifaire promotionnelle. Sans fondamentalement avoir une idée exacte de l’intensité de la relation nouée avec le téléspectateur, le service marketing du média, dans un document mis à la disposition du public, renseigne qu’il faut débourser près d’un million de FCFA, soit exactement 850  mille FCFA pour diffuser une seule chanson sur ses antennes et ce sur une période de deux semaines seulement.

« Offre exclusive de lancement. Pack artiste, 2 semaines achetées, une offerte. 850 000 FCFA », peut-on lire dans le document, qui d’ailleurs précise que la suscription n’est valide que deux mois après la date de signature du contrat. Pourtant, l’on ne saurait dire que le taux d’audience instantané de ce média influence déjà.

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Contexte camerounais non maitrisé

Si l’annonce de l’arrivée de cette nouvelle chaîne avait été fortement saluée par la cible, c’était sûrement sans connaître l’agenda de cette dernière. En effet, l’univers musical camerounais fonctionne d’une manière déphasée où les principaux diffuseurs de musique sont les influenceurs, les web comédiens et quelques médias classiques à travers des espaces aménagés pour la cause. Bien que des télévisions thématiques spécialisées dans la promotion musicale aient été créées à l’instar de Boom TV, elles tardent à s’affirmer.

En observant cette vulnérabilité, le groupe français Trace, a saisi l’opportunité. Un marché qu’il semble mal connaître. S’il faut revenir dans le contexte, la musique camerounaise actuelle est menée par une jeune génération bourrée de talent, en quête de visibilité, mais en carence de moyens. Des jeunes artistes comme Bror, Vanister, Inna Money, 2Reasons qui pourtant  portent la culture camerounaise, ne sont pas à mesure de diffuser leurs titres sur les antennes de Trace Mboa, du fait des prix « promotionnels » onéreux.

Des managers oisifs et affamés

Le domaine de management d’artistes au Cameroun vacille. Ils sont très peu à trouver des managers locaux capables de les accompagner dans leur carrière musicale. Régulièrement, l’on assiste à des plaintes sur la toile, qui laissent transparaître le mal être dans le secteur. Aussi, les cachets des concerts sont relativement bas et plus de la moitié est souvent viré dans les poches du manager. Certains artistes sont parfois invités à prester pour toute une soirée au prix de 50 à 150 000 FCFA.

Le droit d’auteur quant à lui peine à convaincre. Le plafond est fixé à 250 mille FCFA. Et seules quelques artistes ayant déjà une certaine assise y parviennent. Suivant des éléments sus-posés, il est clair que payer une promotion à des « prix promotionnels » chez Trace Mboa reste une affaire de « riches », qui met en avant, l’intérêt supérieur du promoteur de la chaîne plutôt que la culture camerounaise comme annoncé sur le papier.

Les tarifs en télévision locale

Comparativement à l’offre de Trace Mboa qui vaut 4 fois le salaire mensuel d’un fonctionnaire de la catégorie A1 de la fonction publique camerounaise, les médias privés locaux proposent des espaces promotionnels à des prix relativement adaptés au contexte. Entre 50 et 200 mille, ceci en fonction du poids de l’artiste. Et bien avant Trace Mboa, plusieurs artistes ont su s’en servir pour se positionner sur la scène nationale voire internationale.

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